Sortie
du coffret de l'Intégrale Betty Boop en DVD
HISTORIQUE BETTY BOOP
Le 9 août 1930 apparaît
sur une scène de cabaret un personnage féminin
qui ressemble à un chien (à cause
de ses longues oreilles), elle y chante une chanson dont
le refrain se termine par la phrase Boop Boop a
Doop. Elle n’a pas de nom et n’est pour l’instant
que la petite amie de la star du studio Fleischer :
Bimbo. Ce jour là, sans s’en rendre compte, les
Frères Fleischer viennent de donner naissance à la plus
grande star féminine de l’animation du 20ème
siècle : Betty Boop.
Dizzy Dishes (1930)
Le film s’appelle
Dizzy Dishes et c’est le 7ème film de
la série des Talkartoons. On doit sa création
à Myron "Grim" Natwick, qui dira par
la suite : « J’ai juste dessiné
un petit chien à qui j’ai rajouté des jambes
de femmes et ce qui est devenu des boucles d’oreilles
par la suite étaient d’abord des longues oreilles.
Je crois que je me suis inspiré du French poodle
pour avoir une idée simple du personnage. ». Il dira
aussi qu’il s’était inspiré d’Helen Kane, la « Boop
Boop a Doop Girl ».
Betty Boop, fille
d’immigré Yiddish d’Europe, (Minnie the moocher,
1932) impose très rapidement sa présence.
Dès sa quatrième apparition dans un Talkartoons
(The Bum Bandit, 1931), elle fait jeu égal
avec Bimbo. C’est d’ailleurs dans le film
suivant Silly Scandals (1931) que l’on apprend
son vrai nom : Betty Boop (elle était appelé
Nancy Lee dans Barnacle Bill (1930). C’est aussi
en 1931 que Betty trouve sa vraie voix. Jusque là, quatre
actrices avaient prêté leur voix à Betty, c’est alors
que Max Fleischer découvre Mae Questel, quelques mois après
qu’elle a été engagée par la Paramount
lors d’un concours d’imitation d’Helen Kane. Mae Questel
restera jusqu’au dernier épisode de Betty.
Il n’y avait pas
que la voix qui avait eu du mal à se trouver, car
le physique de Betty se modifiait de films
en films. Il faut dire que les frères Fleischer ne
faisaient pas faire de Model Sheet pour leurs personnages
(il s‘agit d’un document qui permet de créer une
charte graphique pour un personnage), et ceux-ci pouvaient
donc un peu changer d’aspect selon qu’ils étaient
animés par tel ou tel autre artiste. Il n’est
donc pas étonnant que dans un dessin animé comme Bum
Bandit (1931) le nez de Betty passe du noir au blanc
et du blanc au noir. Mais le changement le plus radical
est le moment où Betty Boop devient une femme à part entière et troque ses
longues oreilles contre des boucles d’oreilles. (Dizzy
Red Riding Hood / Mask-A-Raid, Any
Rags). Bimbo, quant à lui, ne change pas de
physique et selon le dessin animé il peut être
l’ami de Betty ou son compagnon d’aventure. Les deux sont
souvent accompagnés de la première star
de l’écurie Fleischer : Koko le
clown de la série Out of
the Inkwell. Après avoir pris la place de
Bimbo dans le rôle principal des Talkartoons - série
dans laquelle elle joue régulièrement
depuis le 3 avril 1931, soit 8 mois après son premier film -,
Betty Boop dont la popularité grandit de film en
film va avoir sa propre série. Le 1er juillet
1932 et après quelques chefs d’œuvres (Bimbo’s
Initiation, Minnie the moocher,
Mysterious Mose…), les Talkartoons
s’arrêtent pour laisser place aux Betty Boop Cartoons.
Et c’est le 12 août 1932 que le premier film
de la série est montré sur les écrans, il
s’agit de Stopping the Show dans lequel Betty Boop
imite des chanteurs (dont Maurice Chevalier). En clin d’œil
on peut voir un bout de la première partie du
spectacle de Betty, assuré par un court métrage
de Bimbo et Koko. Les chef d’œuvres s’enchaînent,
dont Betty Boop Bamboo Isle
(1932), I’ll be glad when you’re dead you rascal you,
avec Louis Armstrong (1932), et Snow White (1933),
qui a été sélectionné par la Bibliothèque
du Congrès pour être préservé.
Mais la carrière
de Betty va prendre un tournant lorsqu’elle va se trouver
dans la ligne de mire du fameux Code Hays. Betty est obligée de ralonger
ses jupes, d’être moins sexy, mais plus que son
apparence ce sont les rôles qui changent. Betty s’aventure
beaucoup moins dans le non-sens comme dans Crazy Town
(1932) ou dans le tendancieux Bimbo’s initiation
(1931). On peut quand même retenir quelques grands
films dans cette période, comme Betty Boop’s
Rise to Fame, un best of de Betty, dans lequel on
voit apparaître Max Fleischer, Stop that Noise
, A language all my own, ou encore le premier
et seul film en couleurs de Betty :
Poor Cinderella . Elle s’essaye bien au
comics mais sans trop de succès, la publication durera à
peu près trois ans.
Dans les dessins animés,
elle est rapidement épaulée par deux nouveaux
personnages : un mignon petit chien du nom de Pudgy, et un
savant du nom de Grampy. Petit à petit Pudgy prend la place
de Betty, et celle–ci n’apparaît dès fois
que de manière très rapide. Le dernier film
de Betty Boop s’appelle Rhythm on the reservation
(1939). Un mois après la série des Betty
Boop, Cartoons s’arrête avec Yip Yip Yippy, dans
lequel Betty n’apparaît pas. En 1970 ses films sont
colorisés pour pouvoir passer à la télévision.
Mais il faudra attendre presque 50 ans pour revoir Betty
dans un nouveau film. Comme bon nombre d’autres stars
du dessin animé, elle est conviée à
participer à Qui Veut la peau de Roger Rabbit.
Elle apparaît, en noir et blanc, dans le rôle
d’une serveuse du cabaret où chante Jessica Rabbit.
Qui veut la peau de Roger Rabbit
? Robert Zemeckis (1988)
Une série faite par ordinateur avait été
annoncée en 2001 par Richard Fleischer et la compagnie
Mainframe Entertainment, mais le projet n’a toujours
pas vu le jour. Si Betty Boop est encore très
populaire aujourd’hui - notamment grâce au merchandising -
c’est pour ce aussi pour ce qu’elle représente. Elle est
la première star féminine du monde de l’animation
à s’affranchir du rôle de faire valoir
d’un héros masculin, grâce à un
mélange de liberté, d’autonomie, de gentillesse et à
son coté sexy.
LES AMIS DE BETTY
Betty a rencontré de nombreux
personnages lors de ses aventures mais il y en a quelques
uns qui sont exceptionnels. Lorsque Betty arrive sur
les écrans, elle ne joue pas les premiers rôles,
elle est la petite amie de Bimbo. Ce dernier
est une création des Frères Fleischer qu’ils
veulent comme une réponse possible au Mickey
de Disney, ce dernier commençant à prendre
une place de plus en plus importante dans le monde de
l’animation. Mickey arrive en effet un tout petit peu avant le
cinéma parlant et pour le public il ne fait pas partie
des stars du muet comme Félix ou Koko, même
si le clown star des frères Fleischer fera le
saut du muet au parlant, notamment dans certains Betty
Boop, mais sa popularité ne cessera de diminuer.
Il faut donc trouver un nouveau personnage !
Bimbo
Koko & Fitz
Les Fleischer ont introduit quelques années auparavant
un chien aux côtés de Koko, du nom de Fitz, et en 1926 ils font jouer un
chien, ce qui semble être le premier
personnage parlant de l’histoire du cinéma. En
effet dans le film My Old Kentucky Home ,
un chien joue du trombone puis s’arrête et dit
« Follow the bouncing ball, and join in
everybody ! » (« Suivez
la balle rebondissante, et chantez tous! »).
Il était donc normal que la nouvelle star des Fleischer
soit un chien. C'est au début des années 30
qu’apparaît Bimbo dans la série des Talkartoons. Mais
les frères Fleischer se rendent rapidement compte
que Bimbo ne fait pas le poids face à la souris
de Disney. C’est alors qu’apparaît Betty.
Au départ petite amie de Bimbo,
le personnage de Betty s’avère
très rapidement plus charismatique
que Bimbo. Ce denier continuant à jouer dans
les Talkartoons (même au moment du changement
physique de Betty, il continue à jouer son ami
ou son amoureux même si lui ne change pas d’apparence !)
finit petit à petit par disparaître. Les
deux autres personnages importants de la carrière de Betty
sont conçus dans une même optique : celle
de la remplacer ! Car depuis 1934 le code Hays devient de plus en
plus strict et la Paramount qui distribue les films de
Betty Boop demande aux Fleischer de calmer le ton de
leurs films que certains jugent un peu trop sexy.
Et cela va fonctionner puisque pendant plus de deux ans
Betty ne sera plus seule au générique :
du 18/10/1935 dans l’épisode Making
Stars, jusqu’à l’épisode New Deal Show
du 22/10/1937, elle partagera l’affiche, et lorsque
Betty revient en tête d’affiche elle n’est de toute
façon plus la même !
Grampy
Ces deux personnages sont d'abord un
chien, cette fois ci un véritable animal de compagnie,
du nom de Pudgy, et Grampy un scientifique. Le premier arrive
le 21 septembre 1934 dans Betty Boop’s Little Pal, et
le second un an après, le 16 août, dans l’épisode
Betty Boop et Grampy (les Fleischer
reprennent un personnage qu’ils avaient créé
en 1932 dans Betty Boop for President).
Grampy, un
personnage qui a les faveurs de Max Fleischer (ils partagent
le goût des inventions)
ne va pas rester très longtemps. Bardé de
son chapeau à idées, il participe à
neuf épisodes de Betty Boop. Si dans les premiers
films le personnage à un côté un peu loufoque, comme
on peut le voir à sa manière de recréer
une fête foraine en intérieur dans Grampy’s
Indoor Outing (1936), très rapidement il se
calme et aide Betty à régler des problèmes quotidiens.
Il apparaît de manière très sporadique
et fait sa dernière apparition dans
Zula Hula, le 24 décembre 1937.
Pudgy, lui, va en revanche faire une
grande carrière dans les Betty Boop Cartoons puisqu’il
apparaît dans 23 épisodes entre 1934 et 1939. Mais c’est
surtout à partir de More Pep (1936) où
il apparaît seul au générique, que
Pudgy devient l’acteur principal des Betty Boop cartoons.
La trame est invariablement la même : on voit
Betty dans la première scène et elle ne
revient que dans la dernière ! Entre temps Pudgy se sera
battu contre des chats, un renard en fourrure, des corbeaux,
un autre chien, aura essayé de sympathiser avec
les animaux de la forêt ou même de dompter
des pigeons voyageurs ! Le personnage est adorable
et fonctionne plutôt bien. Certains épisodes
proposent même des moments assez absurdes :
Pudgy se retrouve à l’intérieur d’un poulet qu’il essaye de
voler dans You’re not built that way ou transformé
en pain dans Ding Dong Doggie. L’un des meilleurs
Pudgy est sans conteste More Pep (1936) dans
lequel la ville entière (en prises de vues réelles)
devient folle sous l’effet de vitamines - sorte de remake
de Ha !Ha !Ha ! (1934) -. Malgré
tout il est plutôt destiné à un
jeune public, et non plus à un public
adulte comme les premiers épisodes de Betty. Petit à
petit la série s’essouffle, faute justement de trouver
son public.
Pudgy
Koko le clown
Il est dit que la série s’arrête
lorsque les studios Fleischer déménagent
en Floride du fait que Mae Questel, la voix de Betty,
veut rester avec sa famille sur la côte est. Le
plus juste est sûrement que les spectateurs sont
déçus par la nouvelle Betty Boop lorsqu’elle tentera de
reprendre sa place d’actrice principale de sa série.
Tout au long des épisodes, Betty rencontrera
d’autres personnages en plus de ces trois là,
dont bien sûr Koko le clown
mais aussi Freddy, a love interest ou Wiffle Piffle, un
petit personnage qui essaye de la séduire…
BEHIND BETTY : GRIM NATWICK &
MAE QUESTEL
A part les Frères
Fleischer, deux personnes ont contribué au succès
de Betty Boop : son créateur graphique :
Grim Natwick, et sa voix : Mae Questel.
Grim Natwick
C’est donc sous
le crayon de Grim Natwick qu’est née
Betty Boop. Né en 1890 il étudie pendant
plus de huit ans les Beaux-Arts, tout d’abord à
Chicago puis à new York et enfin à Vienne.
C’est en 1916 qu’il devient animateur pour le compte de
l’International Film Service, dont le propriétaire était
William Randolph Hearst. Le studio qui animait les bandes
dessinées éditées par Hearst doit
s’arrêter après la guerre pour cause de
dettes, mais la production ainsi que les animateurs sont
repris par John Terry puis après la faillite de
ce dernier par la Bray production Studio dans lequel Grim
Natwick rencontre les frères Fleischer. Et quelques années
plus tard en 1928 il part
travailler pour les frères Fleischer qui avaient entre temps fondé
leur propre studio. C’est à cette époque qu’il
crée Betty boop.
Grim Natwick n’arrive
pas à rester dans un studio trop longtemps, il
part donc travailler pour Disney
en 1930 puis chez Ub Iwerks
(qui après avoir créé Mickey a décidé
de créer son propre studio) entre 1931 et 1934.
Il retourne chez Disney en 1934 où il est animateur dans
les Silly Symphonies, mais Grim Natwick reste surtout
célèbre pour avoir été l’un
des animateurs principaux de Blanche
neige et les sept nains. Il revient chez les frères
Fleischer pour participer notamment à l’aventure de
leur premier long métrage : Les
Voyages de Gulliver. En 1944 il part travailler aux
studios de Walter Lantz (avec qui il avait travaillé
auparavant chez Hearst) sur la série Woody
Woodpecker jusqu’en 1947 pour ensuite s’associer
à l’aventure UPA, où il anime Mr Magoo.
Après UPA il doit se tourner vers les productions télé
pour ne retravailler sur des long métrages qu’à
la fin des années 70 grâce à Richard
Williams qui après avoir réalisé
Raggedy Ann & Andy: A Musical Adventure ,
l’entraînera dans son projet The thief and the
Cobbler qui ne verra jamais le jour sous sa forme
prévue (le film a depuis était sorti et
retravaillé plusieurs fois). Grim Natwick, après
une vie dédiée à l’animation, meurt peu
après avoir fêté ses 100 ans.
Mae
Questel
Betty Boop a eu
plusieurs voix, mais une seule à réellement
compté : celle de Mae Questel.
Au départ Mae Questel ne se destine pas à
devenir une actrice mais un jour alors qu’elle gagne
un concours de sosie d’Helen
Kane, la Paramount décide de l’engager pour la
faire passer dans les cinémas RKO. Max Fleischer
la repère lors d’une de ses représentations
et décide de l’engager pour la voix de Betty. Elle
sera Betty jusqu’au dernier cartoon de Betty Boop en
1939. Pendant le procès elle est obligée de dire
qu’elle n’a rien pris à Helen Kane pour le rôle de
Betty (un mensonge qui lui laissera énormément
de regrets).
Mais il n’y a
pas que Betty qui a la voix de Mae. En effet les Fleischer
l’engageront pour faire la voix de la compagne de
Popeye : Olive. A coté
de ces deux grands rôles, elle fera une belle carrière
à la radio et sortira même un disque "On The Good Ship Lollipop"
qui se vendra à plus de deux millions d’exemplaires.
Lorsque les Studios
Fleischer déménagent en Floride elle décide
de rester à New York avec sa famille. Ce qui bien
sur freinera sa carrière. Celle–ci est pourtant
relancée lorsque les studios reviennent à
New York (sans les Fleischer), la Paramount la réengage,
notamment pour reprendre le rôle d’Olive… Elle jouera aussi
dans Funny Girl et surtout dans le segment de
Woody Allen de New York stories. L’année
d’avant elle avait retrouvé celle qui l’avait
rendue célèbre, en interprétant une
dernière fois le rôle de Betty Boop
dans Qui veut la peau de Roger Rabbit. Elle meurt
en 1988.
BETTY
BOOP : REALITE D'UNE EPOQUE
Certes Betty Boop
est un personnage sexy, mais ce qui lui a permis de perdurer
encore aujourd’hui c’est qu’elle a été l’un
des premiers personnages animés à avoir une
véritable conscience de ce qui l’entoure.
Cela vient certainement
du fait de l’emplacement du Studios des frères
Fleischer : lorsqu’ils créent Betty Boop,
ceux-ci sont toujours installés à New York et cela influence leurs
dessins animés. A l’inverse de Disney et de leurs
autres homologues, la plupart des récits des Fleischer
se situent en ville et
non à la campagne. L’un des épisodes les plus significatifs
de cela est Stop that Noise (1935), dans lequel
Betty ne supportant plus les bruits de la ville décide
de partir à la campagne. Mais très rapidement
elle se rend compte que les bruits de la campagne lui
sont encore plus insupportables et elle retourne en ville.
Les personnages des Fleischer sont finalement assez proches
de ceux de Chaplin. Dans Silly Scandals (1931)
Bimbo est sans argent et est obligé de frauder
pour rentrer voir Betty chanter.
Les Fleischer
n’hésitent pas non plus à utiliser des
images « violentes » :
dans You try somebody else,
un groupe d’animaux prisonniers finit sur des chaises
électriques et continuent de sourire et de chanter
alors qu’ils sont en train de griller… Le fait d’utiliser du
jazz comme musique d’accompagnement
n’est pas anodin non plus, les textes chantés par
Cab Calloway et Louis Armstrong n’hésitent pas
à parler de sexe et de drogue.
En plus de cet
ancrage dans une certaine réalité, les
Frères Fleischer ont fait de Betty un vrai personnage
concerné par son temps, et c’est sûrement
l’une des premières féministes
du petit écran. Dès son troisième
film The Bum Bandit (1931) Betty Boop ne s’en
laisse pas compter par le bandit Bimbo et finit même
par le battre. Dans Betty Boop for president
(1932), elle devient président et dans A Hunting
we will go (même année), elle refuse les
fourrures que Bimbo et Koko lui offrent. Mais là encore le
code Hays va tout bouleverser,
car non content d’obliger Betty à se couvrir le
haut du corps et à rallonger un peu sa jupe, ce
qui par la même faisait disparaître sa fameuse
jarretière, les Fleischer vont petit à
petit édulcorer l’univers de Betty. Petit à petit ses films
se passent à la campagne, ses rôles changent :
elle devient maîtresse ou infirmière. En
Europe la guerre se profile, aux Etats-Unis les films
d’animation qui sont plébiscités sont plutôt
ceux de Disney, parfaits techniquement et qui surtout ne
sont pas liés à des problèmes quotidiens. Il est temps
de faire rêver les gens et de les rassurer avant
l’entrée en guerre. Betty Boop fait place dans
l’écurie Fleischer à des personnages plus
aptes à tranquilliser le public : Popeye
et Superman...
LE CODE HAYS
En lui faisant
perdre son coté sexy,
le code Hays va définitivement modifier la carrière
de Betty boop. Car le code Hays était conçu
pour cela : enlever ce qui était "immoral"
dans les films. Pourtant cette forme de censure
ne vient pas du gouvernement mais de l’industrie cinématographique
elle-même.
En effet, au début
des années 1920, le cinéma montrait souvent
de manière assez crue la violence et le sexe. Le
public percevait alors Hollywood comme la ville du péché.
Mais c’est surtout trois énormes scandales qui vont obliger l’industrie
à réagir : le procès de Roscoe 'Fatty'
Arbuckle, un comique très célèbre (qui a
notamment joué et dirigé Buster Keaton) accusé
du meurtre d’une actrice, le meurtre du réalisateur
William Desmond Taylor et la mort de l’acteur Wallace
Reid (Naissance d’une nation, Intolérance…)
qui était devenu accroc à la morphine suite
à la prescription de cette drogue par un médecin afin
que celui-ci puisse terminer le film qu’il était en
train de tourner. Ces trois histoires très médiatisées
n’ont fait qu’amplifier le regard
négatif du public sur les gens du cinéma.
Et c’est pour
éviter que le gouvernement américain n’instaure
lui-même une censure que l’industrie fonde en 1922
la Motion Pictures Producers and Distributors Association
(qui deviendra par la suite la Motion Picture Association
of America.). A sa tête, l’industrie nomme Will
Hays (il avait été directeur de campagne pour le
Président républicain Warren G. Harding). Il proclame
des règles censées redonner une vraie morale,
une véritable éthique au cinéma.
Ces listes de « A ne pas faire… »,
n’empêchent pourtant pas les réalisateurs
de faire les films qu’ils veulent. Mais après la
grande dépression, sentant la colère du public monter, le
MPPDA adopte le 31 mars 1930 un Code de la production
basé sur trois principes importants :
- Aucun film produit ne
doit abaisser les standards de morale des spectateurs,
ou apporter le soutien et la sympathie du spectateur
pour des personnages diaboliques ou criminels.
- Ne seront présentées que de normes
correctes de la vie, du sujet, seulement aux conditions
du drame et du divertissement.
- Les lois naturelles ou humaines ne doivent pas
être ridiculisées et ceux qui les contournent
ne doivent pas être traités avec sympathie.
Tout cela se développe
en une série de règles classées sous
différents chapitres : crimes contre la loi,
sexe, vulgarité, obscénité, profanation,
costumes, danses (mouvements suggestifs), religion, lieux
(comme la chambre), appartenance nationale, titres des
films, et sujets repoussants.
Pourtant les années
qui suivent ne changent rien et les films deviennent même
de plus en plus crus (sexe et violence). Le cinéma
bat chaque année des records d’affluence, mais
une partie de la population se trouve de plus en plus
choquée par
l’immoralité de tous ces films. Et le 13 juin 1934 un
amendement est voté,
chaque film se devant d’obtenir un certificat d’approbation
pour pouvoir sortir sur les écrans. Joseph Breen,
un fervent catholique est envoyé à Hollywood
pour faire respecter le code Hays. Sous sa présidence
de Breen le code est de plus en plus respecté et
les coupes se font de plus en plus
nombreuses à commencer par une brève scène
de nudité dans le film Tarzan et sa compagne
(1934) (parmi les films « censurés »
on peut noter Le Banni (The outlaw) d’Howard
Hughes, à qui la commission a refusé le
certificat car la promo du film s’attardait sur la poitrine de
Jane Russell ; ou même Autant en Emporte le
Vent, Selznick , son producteur, ayant dû payer une
amende de 5000 Dollars pour pouvoir utiliser le mot
« Damn ».)
Hollywood se conforme
au code Hays jusque dans les années
50. Mais lorsque la télévision
fait son apparition et que les spectateurs désertent
les cinémas, les producteurs savent qu’ils vont
devoir donner au public ce qu’il ne peut voir à la
télé : sexe et violence.
De plus, l’intégration
verticale dans l’industrie cinématographique avait
été accusée d’aller contre la loi
anti trust et les studios avaient du revendre leurs
cinémas, ils n’avaient donc plus la possibilité
d’empêcher la sortie de films étrangers sur le territoire
américain.
En 1951, au lieu
de rendre le code plus flexible, il devient encore plus
dur, et de nombreux réalisateurs décident
de ne plus le suivre quitte à ce que leurs films
sortent sans le Certificat. C’est notamment
le cas d’Otto Preminger (La lune était bleue
- 1953) dont les films avaient de bon résultats
au box office.
En 1966, deux
films obligent Jack Valenti, le nouveau directeur de
la MPAA, à abandonner le Code de Production. Tout
d’abord Qui a peur de Virginia Wolf
qui obtient le certificat d’approbation malgré
un langage très cru, et Blow Up que la Warner
décide de sortir sans le certificat.
La popularité de Betty boop ne plaisant pas
à tout le monde, c’est en avril 1934 que la chanteuse
Helen Kane - dont la célébrité commenceà
décliner - intente un procès contre
les Fleischer. C’est elle qui avait servi de modèle (non avoué
à l’époque) à Grim Natwick pour créer le personnage
de Betty. Elle prétend qu’en lui empruntant sa
manière de chanter et notamment son fameux Boop Boop a Doop (c’est elle qui
aurait chanté pour la première fois la
fameuse chanson I wanna be loved by you créée
en 1928) : par conséquent le personnage de Betty boop
lui aurait enlevé sa popularité.
Le procès
va se concentrer sur l’expression « boop
boop a doop » et sur le chant d’Helen Kane,
le juge ira même jusqu’à voir deux courts
métrages de Betty boop et deux films d’Helen Kane ;
il y a eu des témoignages indiquant que la fameuse
phrase trouve sa source pour certains dans une chanson
d’Edith Griffith, pour d’autres dans une chanson française. Le
sténographe du procès ne savait plus comment
écrire les différents « boop
boop a doop » qui fusaient chaque jour. Les
différentes actrices qui avaient donné leurs voix à
Betty Boop vinrent témoigner qu’elle ne s’étaient
pas inspirées d’Helen Kane. Pourtant la voix principale
de Betty Boop, Mae Questel, avait été repérée
dans un concours de sosie d’…Helen Kane !
C’est alors qu’à
la Paramount, producteur et distributeur de Betty Boop,
on découvre un film dans lequel la chanteuse noire
Baby Esther interprète
la fameuse phrase avant Helen Kane. Mais ils ont peur
que le juge pense qu’il s’agit d’un faux (à l’époque
les bandes sons sont enregistrées sur un disque
à part et se désynchronisent de l’image assez
facilement). Et la nuit d’avant le jugement Max s’enferme avec
l’un des monteurs de la Paramount et parvient à insérer
la bande son avec le film. Le lendemain celui-ci est
projeté au juge, en complément le manager
de Baby Esther vient témoigner qu’Helen Kane est venue voir Baby
Esther dans son cabaret en 1928 ! Le 5 mai le juge décide
de débouter Helen Kane en lui disant qu’elle n’avait
pas fait la preuve que les Fleischer s’étaient approprié
sa manière de chanter. Pourtant celle qui était
appelée la Boop Boop a Doop
Girl n’avait pas complètement tort, elle
avait bien été l’une des principales inspirations
pour la façon de chanter de Betty, mais de là à
dire que le succès s’était envolé à
cause de cela est moins évident !
Depuis, la célèbre
phrase a été chantée par de nombreux
chanteurs et chanteuses, mais une seule aura réussi
a retrouvé le ton Boopien c’est bien sur Marilyn Monroe qui interprète
la chanson dans le film de Billy Wilder Certains
l’aiment Chaud (Some like it Hot -1959).
MERCHANDISING
Dès 1934,
la célébrité de Betty Boop est telle
que l’on pouvait déjà la retrouver dans
les boutiques sous la forme de produits
les plus divers : manteaux, tasses, cartes, montres,
savons, jouets, bonbons, mouchoirs ou encore poupées…
Sa renommée était si importante qu’il y a même
eu une contrefaçon de la poupée Betty Boop.
Si à l’époque
cette folie du merchandising était compréhensible,
Betty Boop étant une véritable star du grand écran, le
retour qu’elle fait dans les années 80-90 est plus
surprenant. Ce n’est pas forcément du à son apparition
dans Qui veut la peau de Roger Rabbit ni même
aux différents programmes qui sont passés
lors de son 65ème anniversaire sur la télévision
américaine. Le succès de Betty boop au
niveau du merchandising est le même qu’à
l’époque : car ce personnage, savant mélange entre candeur et icône
sexy, plaît aussi bien aux femmes qu’aux hommes.
Il n’est donc pas surprenant de la voir aujourd’hui fleurir
un peu partout. King features qui détient les droits
d’images de Betty boop (c’est eux qui publiaient le comics
Betty boop au milieu des années 30) l’appelle la
« billion Dollar Betty » !
Savon Betty Boop
Plus de 500 licences dans le monde entier
produisent des articles à l’effigie de Betty boop. Il y a
toujours les poupées, les figurines, les cartes, les
bonbons, mais aussi des billets de loteries, des perruques,
des piercings. Sans oublier tous les produits qui utilisent
son image pour faire de la publicité : Coca
Cola, Chevrolet, une banque Japonaise, de l’eau minérale
italienne…
Et même
si Betty boop ne fait plus de films depuis bien longtemps
son image continue de faire rêver des millions
de personnes et c’est aussi à cela que l’on reconnaît
les vrais stars.
LES FRERES FLEISCHER
FLEISCHER STORY
L’histoire des
frères Fleischer est celle du seul studio qui
aurait pu changer le visage de l’animation commerciale
américaine du XXème siècle, et donc
de son impact sur le grand public. En effet les Fleischer
ont toujours été en avance d’une innovation sur
Disney, mais comme le dit la fable « rien ne sert de
courir il faut partir à point ». C’est
ce qui fera la différence entre Fleischer et Disney.
Dave Fleischer
Max Fleischer
Originaire d’Autriche,
les Fleischer s’installent
à New York en 1887. Max est le second fils. C’est
lui qui va être la tête pensante des studios
Fleischer. Max Fleischer et ses frères rentrent
dans le monde de l’animation lorsque Max invente le
rotoscope. Avec l’aide
de Joe à la fabrication et de Dave dans le rôle
du clown, ils créent ensemble un film d’une minute :
Experiment No. 1 (1915). Un
jour, alors que Max attend dans les bureaux de la Paramount
pour présenter son film, il rencontre un ami :
J.R. Bray, l’un des
pionniers de l’animation américaine. Celui-ci visionne
et apprécie beaucoup le film de Max Fleischer. Puisque
Bray possède déjà un contrat avec
la Paramount, il propose d’engager Max dans son studio.
Mais la guerre éclate et Max abandonne pour un temps
son clown pour faire des films d’entraînement pour
l’armée. Et début 1919 la guerre terminée,
la série Out of the
Inkwell peut commencer…
Deux ans après,
grâce au succès de la série, Max
s’associe à son frère Dave et
crée la « Out of the Inkwell Films,
Inc. ». La série durera jusqu’au début du parlant.
Entre temps, Max réalise deux films sur sa passion
pour la science : le premier porte sur la théorie
de la relativité d’Einstein (1923), le second -
qui contenait très peu d’animation - sur la théorie
de l’Evolution de Darwin.
Puis dès
1924, grâce au procédé du Dr Lee
Forrest, ils produisent les premiers films sonores,
bien des années avant le Steambot Willy
de Disney ! Cette année là ils forment
la « Red Seal Pictures » avec l’aide
d’Hugo Reisenfeld, propriétaire de plusieurs cinéma à
New York et originaire d’Autriche comme Max. Ils inventent
la Bouncing Ball et le premier personnage parlant de l’histoire
du cinéma. Malgré toutes ces innovations la société
couverte de dettes s’arrête en 1927. Un nouvel associé
éponge toutes les dettes et décide de
se nommer président de la nouvelle compagnie « Inkwell
Imps », dont les films seront distribués
par la Paramount. Mais après des problèmes entre
les Fleischer et Weiss, la société s’arrête.
Et dans la foulée est créée la compagnie
« Fleischer Studios, Inc » dont
les Fleischer sont obligés de laisser la Paramount être
le principal actionnaire.
L’apparition du
son laisse un bon nombre de studios d’animation sur le
carreau, mais les frères Fleischer s’y étaient
préparés depuis longtemps et dès
1929 ils créent une série nommée Talkartoons dans laquelle apparaîtra par la
suite Betty Boop.
Max Fleischer et son personnage Popeye
Puis un tournant
arrive dans la carrière des frères Fleischer
avec leur adaptation du personnage de BD : Popeye. Le personnage plaît
immédiatement et devient un vrai personnage populaire.
Max et Dave Fleischer qui avaient jusque là prêté
assez peu d’attention au scénario
de leur court, construisent avec Popeye une
structure narrative forte qui se retrouvera dans chaque
épisode : Popeye a un objectif, le plus souvent
il s’agit de sortir avec Olive en passant les obstacles,
le plus souvent incarné par Bluto - ils se bagarrent
et Popeye à la dernière minute avale sa
fameuse boîte d’épinards et l’emporte. Les Fleischer
calculaient même le temps que devait durer chaque portion
d’action La formule est tellement bonne qu’elle servira
plus tard à tous les grands films de Bugs Bunny,
Tom et Jerry
et d’une grande partie de la série Looney Tunes
de la Warner. La série durera presque 10 ans !
Mais Max Fleischer
veut concurrencer Disney qui au fil des années
est devenu grâce à Mickey le studio d’animation
le plus en vogue. Pour concurrencer Disney il commence
une nouvelle série : Color Classics,
dont le premier film est Poor Cinderella avec
Betty Boop en 1934. Mais Max est obligé d’utiliser
un procédé deux couleurs,
Disney ayant l’exclusivité du Technicolor.
Lorsque Max peut enfin utiliser ce procédé
en 1936, il réalise l’un des chefs d’œuvres de
la série : Somewhere in Dreamland.
Poor Cinderella (1934)
Somewhere in Dreamland (1936)
Mais les Fleischer
sont décidemment en avance sur Disney, et en 1937
une grève frappe les studios Fleischer
(4 ans avant celle qui atteindra les studios de Walt
Disney). La grève va durer presque six mois, et
Max Fleischer sera obligé de signer un compromis.
Pour éviter que cela se reproduise, Max décide
de déménager les studios en Floride.
Mais ce déménagement est très coûteux
car il faut payer le déménagement de tous les
animateurs et leur offrir des primes. Cette entreprise va
s’avérer désastreuse pour la production du premier
long métrage des frères Fleischer. Car entre
temps, Blanche neige et les 7 nains de
Disney remporte
un énorme succès commercial. Apres avoir une longue
hésitation, les Fleischer décident de transposer
à l’écran Les voyages de Gulliver.
Les voyages de Gulliver (1939)
Il leur faut faire
vite car là où Disney a eu 4 ans et un million
de dollars pour réaliser son film les Fleischer
ne disposent que de dix huit mois et de 500 000 dollars.
Malgré cela le film remporte un beau succès.
Mais nous sommes à la veille de la seconde guerre
mondiale et le marché européen est fermé. Pourtant
Paramount demande un deuxième film aux Fleischer,
qui sortira en 1941, le mois du bombardement de Pearl
Harbour… Entre temps de nouvelles séries sont lancées
mais sans grand succès. Et il faudra attendre
la mi 41 pour de nouveau trouver un personnage important
chez les Fleischer en la personne de Superman.
Superman (1941)
Cette série,
commandée par la Paramount, Dave ne voulait pas
la faire. Pour en dissuader les producteurs de la Paramount,
il leur annonce un coût très élevé
de production. Mais ils acceptent ! 19 épisodes
de Superman sont ainsi réalisés, et la série est
saluée comme une très grande réussite
aussi bien au niveau de la réalisation que des
scénarios. Encore aujourd’hui elle est considérée
comme un achèvement important en matière
d’animation.
Mais les Fleischer
doivent encore 100 000 dollars à la Paramount
qui décide de réclamer leur dette. Ne pouvant
payer, les Fleischer sont renvoyés
de leur propre studio. Paramount renomme la compagnie
« Famous Studios », ils y produiront
de nombreuses séries dont des Popeye. En ce qui concerne les frères
Fleisher, ils ne s’entendent plus du tout et décident
de partir chacun de leur coté. Max finira comme
il avait commencé au Bray Studios. Quant à
Dave il sera responsable du département animation
à Columbia Pictures, puis script doctor à
Universal.
Il aura manqué
peu de choses aux Studios Fleischer pour concurrencer
Disney sur la durée. Mais ce qui est peut-être
le plus important chez ces artisans, c’est que leurs films
ont influencé de nombreux animateurs
à travers le monde, dont Osamu Tezuka au Japon,
et continuent de réjouir le public des dizaines
d’années après leur création !
OUT OF THE INKWELL : KOKO
Avant Betty
Boop, Popeye, Superman, la première star du studio
Fleischer a été Koko.
L’histoire dit
qu’il apparaîtrait pour la première fois
dès 1916. Mais les premiers films vraiment connus
de Koko sont ceux réalisés juste après
la première guerre mondiale au studio de J.R. Bray, l’un des
pionniers de l’animation. Dès 1919, même s’il
n’a pas encore de nom, le clown
des frères Fleischer devient l’une des premières
stars animées juste avant Félix le chat.
La routine des Out of the Inkwell (Sorti de
l’encrier) est toujours la même : une main,
celle de Max Fleischer plonge une plume dans un encrier
et se met à dessiner un personnage sur une feuille,
celui-ci apparaît sous la forme d’un clown, et prend
rapidement vie en faisant quelques mouvements, mais très
vite il devient indiscipliné et décide d’ennuyer
son créateur en s’échappant de sa page blanche
pour venir dans notre monde.
Dans Invisible
Ink (1921), Koko utilise de l’encre invisible pour
s’enfuir et partir à travers la ville, il invite
Max Fleischer à le suivre en suivant des flèches
peintes sur le sol. Ce dernier est confronté aux
facéties de sa créature, jusqu’à
recevoir un vase sur la tête ! A la fin, comme toujours
dans la série, Koko retourne dans l’encrier.
Depuis les débuts
du cinéma d’animation les animateurs se sont montrés
dans leurs films et ont interagi
avec leurs créations (Winsor
et Gertie le dinosaure …)
mais c’est la première fois qu’un personnage
de dessin animé se permettait de se mesurer au
monde extérieur (quelques années
après, Walt Disney empruntera le procédé
inverse et c’est son héroïne, une petite
fille du nom d’Alice qui se trouvera projetée
dans l’univers des dessins animés !).
La force du personnage
de Koko (c’est le nom qu’il prendra à partir du
film The Laundry 1933-34), c’est qu’il s’agit
du premier personnage de dessin animé à
bénéficier de la technique du rotoscope.
Ces mouvements fluides vont impressionner le public et
les critiques plutôt habitués à des
mouvements un peu hachés !
Koko va suivre
les Frères Fleischer lorsque ceux-ci quitteront
Bray productions pour monter leur propre compagnie appelée
fort justement Out Of the Inkwell Films. Koko restera
encore pendant quelques années leur star (c’est
notamment lui qui lancera la fameuse Bouncing Ball dans
sa série Ko-Ko Song Cartunes) puis
il participera à quelques Talkartoons, et à
plusieurs Betty Boop dont le génial Snow White.
Cette série va permettre aux Fleischer d’expérimenter
de nombreuses formes d’animation : la pâte
à modeler, la pixillation, perfectionnement du
Rotograph …
Koko, Kokette et Koko-nut
En 1962 Koko a
le droit à une nouvelle chance de reconquérir
son public au travers d’une série télé
nommé … Out of the inkwell. Il est
cette fois-ci accompagné d’un personnage féminin, Kokette, et d’un chien, Koko-nut !
Max Fleischer participera au premier épisode mais
il se rend rapidement compte que la série, à
l’animation très réduite, est loin du concept
original. Il décide donc d’arrêter. La série comptera
plus de cent épisodes et durera un peu plus d’un
an.
A noter que les
Fleischer utiliseront plusieurs fois la routine de l’encrier pour les dessins animés de Betty,
notamment dans Betty Rise to Fame et Ha! Ha!
Ha ! ; pour ce dernier elle est même
accompagnée de Koko…
ROTOSCOPIE ET AUTRES INVENTIONS
Max Fleischer
se passionnait autant pour la mécanique que pour
l’animation. C’est donc tout naturellement qu’il fut
l’un des premiers inventeurs
de cet art naissant, devançant souvent le studio
concurrent dirigé par Walt Disney.
Sa première
invention, Fleischer la doit au rédacteur en chef
du magazine dans lequel il dessine : le Popular
Science Monthly. A l’époque, les films
d’animation, qui demandaient un travail énorme,
avaient une technique encore très hésitante, et ce
monsieur sûrement amateur de films d’animation mais assez
peu satisfait de leur qualité parle à Max
Fleischer et lui dit : Vous qui aimez les machines
et l’art ne pourriez vous pas inventer une machine qui
améliore la qualité de ces films ?
Le temps de la réflexion et Max Fleischer invente :
Le Rotoscope.
Il s’agit de filmer
en prises de vues réelles
et de projeter le film sur une vitre que l’animateur
dessine et cela pour chaque image. Les premiers essais
sont réalisés sur le toit de chez Max, celui-ci
est derrière la caméra, alors que devant,
Dave, habillé en clown et tout de noir vêtu devant un
grand drap blanc, s’évertue à faire des mouvements
très amples. Le procédé était
certes très long, mais le résultat final
permettait un mouvement parfait. Rapidement Max comprit
qu’il suffisait de ne pas faire un ou deux dessins de temps à
autre pour ne rien changer au résultat final, mais
permettre un processus de fabrication plus court. Car
bien sûr après avoir redessiné chaque
plan il fallait les « encrer » puis
les filmer.
Le Rotoscope
(cliquer pour agrandir)
Ce procédé,
s’il ne plait pas à tous les animateurs, amène
à penser que la création n’est plus laissée
aux dessinateurs – pourtant, une vingtaine d’années
après, Walt Disney s’en servira pour certaines
séquences de Blanche Neige et les sept nains.
Ce procédé
va être laissé à l’abandon pendant
de nombreuses années jusqu’à ce que Ralph
Bakshi, le créateur de Fritz the cat, l’utilise
pour des raisons économiques, notamment dans son adaptation
du Seigneur des Anneaux. Mais le procédé
prouve son manque de créativité lorsque
le même Bakshi réalise American Pop
qui aurait pu être réalisé directement
en prise de vues réelles. La rotoscopie semble revenir à
la mode aux débuts des années 2000. Car
grâce au numérique, le film transféré
sur ordinateur peut être ensuite retravaillé de
manière plus créative comme on a pu le voir en 2001
dans Walking Life de Richard Linklater ou encore
dans la série Franco-canadienne Delta state
(2004).
Après le
Rotoscope, Max Fleischer invente le Rotograph, un procédé
qui permet de faire interagir un personnage de dessin
animé avec des acteurs dans un décor "live". La technique
ressemble un peu au rotoscope : on filme d’abord la
prise de vue réelle, puis on la projette sur une
plaque de verre sur laquelle on applique le cellulo avec
le personnage de dessin animé et on filme l’image
des deux réunis. Puis on répète la
manipulation jusqu’à obtenir une séquence comme dans
l’animation traditionnelle. Une technique créée
pour remplacer le travail laborieux que représentait
le travelling matte à l’époque.
Ensuite, Max Fleischer
s’attaque au décor.
Aidé par le technicien des studios John Burks,
il crée en 1934 une machine qui permet de filmer
un personnage animé dans un décor en trois
dimensions. Le personnage est dessiné sur un cellulo
placé devant un décor en volume, et en arrière
plan se trouve le fond du décor, le ciel, le tout
pouvant légèrement se bouger. L’effet était
très intéressant, donnant une véritable
profondeur à l’image. Malheureusement, le décor difficile
à manier rendait le travail très difficile
aux animateurs qui n’arrivaient pas toujours à
calculer la position des objets d’un plan à l’autre.
On peut voir cet effet dans plusieurs court métrages
des Fleischer dont un Betty Boop : Poor Cinderella
et dans plusieurs Popeye.
Le procédé
aurait sûrement mérité plus d’attention
et de travail, car deux ans après c’est Walt Disney qui reprend l’idée
et crée la caméra
Multiplane, pour laquelle la prise de vue est cette
fois ci à la verticale et le décor est constitué
de plusieurs cellulos.
Mais l’une des
inventions les plus surprenantes des frères Fleischer
est l’ancêtre du karaoké :
la Bouncing Ball.
Au départ
l’idée était de faire chanter les gens
dans les cinémas. Mais afin que le public qui ne
connaissait pas la chanson ait aussi envie de participer,
il fallait le guider à travers les paroles. L’idée
retenue était simple un homme portant des gants faisait
apparaître la balle sur le mot qu’il fallait chanter.
Dès la première de Oh Mabel, premier
film utilisant ce procédé, le succès
est immédiat ! Par la suite les Fleischer iront
encore une fois plus loin en animant les paroles, ou en
faisant apparaître des personnages comme Koko sur
l’écran.
AUTOUR DE BETTY
MUSIQUE ET ANIMATION
La musique est
primordiale dans le cinéma d’animation qui plus
que de passer par la parole pour exprimer quelque chose
passe par le rythme imposé par la création
du mouvement.
Les Fleischer
ont rapidement compris cette importance du son et de
la musique dans l’animation. Bien avant Disney, les Fleischer faisaient
des films sonores grâce au procédé
Phonofilm de Lee De Forest, qui permettait déjà
de coupler une bande musicale avec un film directement
sur la pellicule. Les Fleischer l’ont utilisé
abondamment, en utilisant notamment de la musique libre
de droits. Jusqu’au jour où le syndicat des musiciens
demanda au Fleischer d’arrêter d’utiliser des disques
pour leurs films mais de demander à l’artiste de
revenir en studio pour de nouveau enregistrer la chanson. Ce
qui avait été au début pris comme une contrainte
s’est finalement révélé utile quelques
mois plus tard lorsque des artistes connus viendront enregistrer
pour la série des Talkartoons.
Car en effet dans
l’animation le son a rapidement été adopté,
aussi bien chez les artistes « indépendants »
comme Len Lye ou Oskar Fishinger, que dans les grands
studios comme Disney.
Mais les Frères
Fleischer ont, comme d’habitude amené quelque
chose en plus, notamment en invitant de nombreux artistes
à participer à leurs films. Les artistes
n’étaient pas forcément payés mais
les films leur servaient de « Bande Annonce ». En
effet, une semaine ou deux avant leur passage dans une
ville le court métrage était projeté
dans les salles de cinéma. Pour Cab Calloway cela
fonctionnait très bien. La force des Fleischer et
d’avoir utilisé certains chanteurs très connus
comme Rudy Vallee, Ethel Merman ou Maurice Chevalier.
Mais on retiendra
surtout la participation de deux grandes stars du jazz :
Louis Armstrong et Cab Calloway. Le premier a enregistré la
chanson I’ll be glad when you’re dead you’re rascal
you pour le film éponyme. Quant à
Cab Calloway il a fait trois films avec les Frères
Fleischer dont deux au moins sont des chefs d’œuvres :
Minnie the moocher (1932)
et Snow White (1933) .
A chaque fois,
la technique du rotoscope
a été utilisée de manière
a pouvoir bien redessiner les incroyables mouvements du
Jazzman. Dans le premier il est représenté sous
la forme d’un walrus (ce qui l’a fait beaucoup rire lorsqu’il
a vu le film) et dans le deuxième c’est Koko qui prête
son corps animé pour lui faire interpréter
« St James Infirmary Blues »…
Bien évidemment
les paroles n’étaient pas modifiées, et
celles-ci comportaient souvent des choses assez crues
ou en tout cas pour un public averti (drogue, sexe, alcool).
A noter que c’est
grâce à Betty Boop que la chanson Just a Gigolo interprétée
par la chanteuse française Irene Bordoni dans
le dessin animé du même nom, débarquera aux
Etats-Unis. Plus tard le titre sera repris par Louis Armstrong
ou bien sur Luis Prima qui en fera un succès mondial.
Depuis, de nombreux
chefs d’œuvres combinant intelligemment Animation et
Musique ont été réalisés :
Fantasia de Disney, Allegro
non Troppo de Bruno Bozzetto en long métrages,
et en court les films de Norman
Mc Laren, des Frères Quay et de beaucoup
d’autres.
L'ABSURDE
EN ANIMATION
C'est en 1924
à travers son Manifeste qu’André
Breton propose une définition du Surréalisme : Automatisme
psychique pur par lequel on se propose d'exprimer, soit
verbalement, soit par écrit, soit de toute autre
manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée
de la pensée, en l'absence de tout contrôle
exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation
esthétique ou morale. Breton est notamment
très inspiré des théories de Freud (qu’il
rencontre en 1921)…
Si en Europe le
surréalisme est d’abord né dans la littérature
ou la peinture, aux Etats-Unis la liberté de ton
que confère l’animation permet le développement
d’une telle pensée. Et les Fleischer vont être
parmi les premiers à l’installer notamment dans la
série Out of the inkwell.
Ont-ils
été réellement influencés
par les textes surréalistes ? Il est difficile
de le dire mais de toute évidence une grande partie
de leurs dessins animés semblent avoir été réalisés
« en l'absence de tout contrôle exercé
par la raison, en dehors de toute préoccupation
esthétique ou morale ». Si
dans Out of the Inkwell la folie est déjà présente,
dans l’épisode Koko’s Earth Control (un des
films préférés de Matt Groening, le créateur
des Simpsons), le clown et son chien, après
avoir déclenché de nombreuses catastrophes
naturelles, finissent par détruire la Terre !
Dans les Talkartoons
cette folie va encore plus loin : les personnages
bougent de manière invraisemblable, se transforment,
et les décors semblent avoir leur propre vie.
Dans Swing you Sinners, Bimbo
se retrouve confronté à des squelettes et
des fantômes dans un cimetière (poussant encore un peu plus
loin l’idée un an après l’incroyable Skeleton
Dance de Disney).
Mais c’est dans
des chefs d’œuvre comme Crazy Town, Bimbo’s Initiation
(des Talkartoons), ou bien Ha ! Ha !
Ha !, Snow White (des Betty Boop Cartoons)
que les Fleischer s’en donnent à cœur joie :
les oiseaux nagent et les poissons volent, les coiffeurs
vous font repousser les cheveux, les personnages portent
des chaussures sur la tête et des chapeaux aux
pieds, les maisons sont prises de fou rire et ce ne sont
pas les trains qui se de déplacent mais les paysages.
Les objets inanimés,
chers à Lamartine, ont bel et bien une âme
dans les productions des Frères Fleischer !
Avec la réussite
de Snow White au box office, les Frères
Fleischer mettent de côté leurs délires
visuels, et dès 1938 aussi bien chez Betty que
chez Popeye, la qualité technique remplace ces
délires.
Il faudra attendre
que Bob Clampett, Chuck Jones,
Tex Avery réalisent
des dessins animés à la MGM et à
la Warner pour retrouver ce vent de folie...
ANIMATION ET
SENSUALITE
Dès le
début de l’animation, comme dans tout art, l’homme
s’est essayé à la pornographie. Mais c’est
dans l’art de l’érotisme et de la suggestion que
se sont distingués les frères Fleischer, ils
n’ont peut-être pas été les premiers mais ils
ont créé le vrai premier sex-symbol de
l’histoire de l’animation : Betty Boop.
Dès ses
premiers films, Betty, pourtant sous la forme d’un chien,
dévoile son fort tempérament aussi bien
dans sa manière de danser - dans Dizzy
Dishes (1930) -, que dans son tempérament
amoureux - dans Barnacle Bill (1930)-. Dans ce
même dessin animé la jupe de Betty remonte et refuse
de descendre !
A partir de ce
dessin animé les vêtements
de Betty, avec l’aide des Fleischer, semblent dotés
de leur propre vie.
Dans Mysterious
Mose, le troisième film de Betty Boop, celle-ci,
effrayée par des ombres et des bruits bizarres,
ne peut pas s’endormir ; pour traduire la peur de
Betty, sa chemise de nuit « s’enfuit »,
la laissant nue, heureusement protégée
par ses draps !
Betty Ups and Down (1932)
Dans Betty
Ups and Down (1932), l’apesanteur disparaît
de la Terre et la jupe de Betty en profite pour s’envoler,
bien des années avant celle de Marilyn Monroe !
Dans Any Rags (1932) et Poor Cinderella
(1934), elle perd le haut de sa robe pour se retrouver
en soutien gorge ! Dans The Old man of the mountain
(1933) elle perd même complètement sa robe,
heureusement derrière un arbre ! Lorsque
ce ne sont pas ses vêtements qui lui jouent des tours,
ce sont les décors, comme dans Red Hot Mama (1934),
où Betty en chemise de nuit passe devant des feux
qui laissent apparaître sa silhouette. Et les animateurs
de Betty Boop se permettront même de la faire
apparaître topless
pendant 1 image (1 seconde en contenant 24, il faut vous
munir de votre télécommande…) dans l’épisode
Betty Boop’s Rise to Fame (1934) lors d’un
changement de costume. Le coté sexy des cartoons de
Betty Boop ne tient pas seulement au physique de Betty
mais aux nombreux sous entendus qui parsèment certains
épisodes, le plus célèbre, et l’un
des plus coquins, étant Bimbo’s Initiation
(1931), dans lequel elle tente de faire adhérer
Bimbo à un club mystérieux et visiblement très
particulier !
Si le code Hays
a finalement eu raison de la sexy Betty, son image aujourd’hui
est bien celle de la Betty originelle. C’est d’ailleurs
la seule qui se mesure à Jessica Rabbit, tout
en restant en noir et blanc ! Et lorsqu’une chaîne
de télévision américaine lance une
nouvelle série animée (Drawn together) qui
parodie la télé réalité et qu’elle
cherche des personnages symboles de l’animation, on
retrouve Betty sous la forme du personnage Toot Braunstein,
toujours en noir et blanc.
Malgré
le fait que de nombreux personnages sexy ont été
conçus depuis, - la Red Hot Riding Hood
de Tex Avery, Jessica Rabbit (dans Qui
veut la peau de Roger Rabbit), ainsi que de nombreux
personnages forts : Olive (de Popeye), ou encore
Princesse Mononoke -, finalement peu de personnages, sauf
peut-être dans les séries japonaises, ont
su comme Betty Boop allier le coté sexy et une forte personnalité.
C’est pour cela
qu’aujourd’hui encore Betty Boop est considérée
comme l’un des seuls vrai sex-symbol du cinéma
d’animation, voire du cinéma en général !
LES HEROÏNES
EN ANIMATION
Dès les
débuts du cinéma d’animation, les femmes ont été très
nombreuses à travailler dans ce secteur, mais la plupart
du temps leur fonction était moins prestigieue que celle
des réalisateurs ou animateurs, elles se situaient
le plus souvent à l’étape du gouachage.
Il y a bien sûr quelques contre-exemples, comme Lotte
Reininger, réalisatrice du 2ème long métrage
animé en 1926. Derrière la caméra c’est un peu la
même chose, il y a beaucoup de personnages féminins
en animation mais souvent dans des rôles secondaires - rarement
des héroïnes -, il faut dire que dans le
monde des toons les héros sont plus souvent des
animaux que des êtres humains !
Puis Betty Boop arrive sur les écrans en 1929
et très rapidement elle éclipse Bimbo et
Koko pour devenir le rôle principal de la série
des Talkartoons des Frères Fleischer. C’est d’ailleurs
encore chez eux que l’on rencontre un autre personnage
féminin important : Olive, la compagne
de Popeye.
Olive
Ensuite c’est
le triomphe de Blanche Neige,
les personnages féminins vont alors se transformer
en fées ou en princesse (la fée bleue de
Pinocchio, Cendrillon …)
ou en personnage maléfique (Cruella dans Les 101
dalmatiens, ou Madame Mim dans Merlin
l’enchanteur). Le reste du monde ne déroge pas à la
règle !
Il faudra attendre
plusieurs dizaines d’années pour de nouveau trouver
des personnages intéressants, avec de nombreux
seconds rôles dans des séries télé,
voire des premiers comme dans les Flinstones
(Les Pierrafeu). Mais c’est du Japon que vont arriver
les personnages, et notamment les héroïnes des
films de Miyazaki Hayao :
Nausicaä (1984), Kiki la sorcière
(1989), le réalisateur japonais se fait même
champion des personnages féminins très forts.
Et à partir
de la fin des années 80 alors que de plus en plus
de femmes deviennent réalisatrices, les personnages
féminins vont enfin accéder à tous
les rôles : les héroïnes (Sally
- L’Etrange noël de Mr Jack, le Major Motoko Kusanagi dans Ghost
in the shell, Mulan), les méchantes (la
sorcière de Kirikou, Yubaba
dans Le Voyage de Chihiro…),
les princesses (Fiona dans Shrek,
Anastasia), les Vamps (Jessica dans Qui veut la peau de
Roger Rabbit ?, Holli Would dans Cool World),
et enfin les mères de famille (Marge Simpson)…
Malgré
le fait que désormais les héroïnes
féminines peuvent tout interpréter, aucune
n’atteint le statut de star acquis par Betty Boop…